Gazprom, conglomérat industriel et financier créé en 1992, constitue l’arme maîtresse de la stratégie géopolitique du Kremlin. Premier producteur de gaz naturel, la Russie détient en effet un tiers du total des réserves mondiales. Chargée de le produire, de le distribuer et de le vendre, Gazprom est une société pas comme les autres, où œuvrent des professionnels des marchés gaziers, mais aussi des ministres, des députés, et des conseillers proches du président russe. C’est lors de l’hiver 2005-2006 que l’Europe, qui achète 30 % de son gaz à la Russie, a pris soudain conscience de sa vulnérabilité. Comment ? Du jour au lendemain, la Russie venait de couper l’approvisionnement en gaz de l’Ukraine pro-occidentale de Viktor Louchtchenko, qui refusait de payer des tarifs multipliés par cinq. Depuis, la hausse continue des prix du pétrole, couplée à une demande chinoise toujours plus importante, est venue confirmer le rôle clé que ses hydrocarbures confèrent à la Russie.